7 - LA MUSIQUE – PASSERELLE VERS L’HOMME

"Le beau Danube bleu"
Un jeune homme qui avait gaspillé sa vie, alla trouver un sage et lui demanda désespéré: „Maître, croyez-vous que j’arriverai jamais à trouver Dieu?“ „Tu ne trouveras vraisemblablement jamais Dieu, mais c’est Lui qui te trouvera“ fut la réponse. L’optimisme de ce sage est éclairant. Bien des gens se plaignent et gémissent: Où donc est votre Dieu? Pourquoi n’intervient-il pas, quand des hommes sont exploités? Pourquoi n’y a-t-il pas de passerelle entre la gauche et la droite, entre communistes et capitalistes, entre Est et Ouest, Nord et Sud?

La musique ne connaît pas de barrières ni de frontières faites de main d’homme. La musique est universelle. Je pense à ce grand fleuve européen, le Danube. De nombreuses personnes sont heureux devant ce beau fleuve. Il existe même une valse „Le beau Danube bleu“. Il traverse l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la Roumanie. Le Danube leur donne à tous de son eau, il les rafraîchit tous, tous peuvent s’y baigner ou bien se servir de son eau. Jamais le fleuve ne demande si le nageur est allemand, hongrois, roumain. Il est de la nature du fleuve d’accueillir tout le monde sans condition. Mais les hommes dressent toujours des frontières: une partie allemande, une partie roumaine etc. Je crois que l’on peut beaucoup apprendre de la musique et de la nature. L’homme d’aujourd’hui a toujours tendance à perdre le sens existentiel de la nature. C’est pourquoi il cherche à recréer artificiellement le contact avec la nature, une nature évidemment tout sauf naturelle.

C’est en premier lieu dans la pensée que se développent les relations, dans l’homme intérieur. Le processus est le même, que nous soyons juifs ou arabes, chrétiens ou bouddhistes, hindous ou musulmans. La différence se manifeste dans notre tête, dans notre intériorité. Nous sommes tous des enfants de Dieu. Devant Dieu, devant la nature, devant la musique nous sommes tous semblables. La musique nous donne un sentiment d’unité et de bien-être. Elle ne divise pas, elle rassemble les hommes de toutes races, religions, et confessions. Car qui regarde loin voit loin aussi!

Je me rappelle une conversation entre un père et son fils. Le fils demande à son père: „Papa, jusqu’où peux-tu voir? - Je vois sur quelques kilomètres. Par temps clair je vois un peu plus loin“ „Et toi, jusqu’où vois-tu?, demande le père. - Oh, je ne vois pas seulement sur quelques kilomètres, mais sur des millions de kilomètres. Je vois le ciel, les étoiles, la lune, une infinité de choses“. De cet enfant l’homme put apprendre ce que signifie „voir loin“.

Socrate procédait de même. Chacun de ceux qui voulaient devenir son élève subissait un examen. Socrate menait les postulants à un étang aux eaux claires et leur demandait ce qu’ils y voyaient. Ceux qui y voyaient leur image reflétée échouaient. Ceux qui répondaient y voir nager des poissons réussissaient à l’examen. Car ceux qui voient leur image n’ont d’yeux que pour eux-mêmes. Beaucoup aimeraient sauter par-dessus leur ombre; cependant s’ils se tournent vers le soleil, leur ombre tombera derrière eux.

Un jour un automobiliste devait traverser un pont étroit. Or une autre voiture venait en sens inverse. Au milieu du pont ils durent tous deux s’arrêter. „Laisse-moi passer“ cria l’un, „j‘étais là avant toi!“. L’autre répondit la même chose et une sérieuse dispute s’ensuivit. Finalement l’un dit: „Si tu ne me laisses pas passer, je ferai exactement comme la semaine dernière“. Alors l’autre, effrayé, recula et lui demanda ensuite ce qu’il avait fait la semaine précédente. „ „J’ai tout simplement laissé la priorité à l’adversaire, J’aurais fait de même avec toi“ répondit le malin avec un sourire.

Qui est le plus fort, celui qui cède ou celui qui résiste? Nous pensons parfois que pardonner, renoncer ou céder sont des signes de lâcheté. Mais en fait c’est l’inverse. Jésus n’a-t-il pas dit et montré clairement: "Vous m’appelez Maître et Seigneur, mais je suis parmi vous comme serviteur! A cela on reconnaîtra que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres". Il est difficile de se supporter, d’être patient et aimable les uns avec les autres. Laisser la place aux autres, céder, édifier, espérer, louer et aimer. La plus grande intelligence se montre dans le pardon inconditionnel, dans la patience, et non pas dans la vengeance ni les représailles. La musique de l’amour s’exprime dans le pardon sans condition, l’abandon et la joie de vivre. Tout chrétien est appelé à aimer de tout son coeur, à pardonner et à s’engager de tout son coeur. A être là pour chacun courageusement et efficacement. Là où il y a de l’amour, la haine disparaît. De même que l’obscurité est chassée par la lumière. Un coeur gai est semblable à une forte lumière qui brille dans l’obscurité.

Levons les yeux vers le ciel pour nous ouvrir aux ondes de lumière venant d’En-haut. Rencontrons autrui avec la lumière de la joie et de l’espérance. En effet l’homme est la couronne de la création de Dieu. Tenons notre vie ouverte comme un livre, jour après jour remplissons-la de notes de musique pour qu’elle devienne source de bénédictions.