15 - POURQUOI PRIER?



Pourquoi prier? Une recherche empirique a constaté il y a quelque temps que ceux qui prient vivaient plus sainement. Ils sont calmes et paisibles, de bonne humeur et joyeux. En quoi consiste alors la nature de la prière?
Dans toutes les religions et cultures les hommes croient en une réalité dernière. Les uns l’appellent Dieu, d’autres Brahman ou Tao, ou Nirwana. La prière est l‘effort conscient de se relier à cette réalité. La prière ne connaît pas de religion, pas d’époque ni d’espace, elle est une expérience transcendantale. La prière met en unité avec la réalité dernière.
Prier présuppose une certaine polarité entre Dieu et l’homme, entre l’absolu et le relatif, entre la finitude et l’éternité, le mortel et l’immortel, la perfection et l‘imperfection. La prière jette un pont de l’immanence à la transcendance, de l’humain au divin. Lorsque l’humain et le divin se trouvent, il en résulte une expérience qui se vit mais ne s’explique pas. L’homme est appelé à grandir et mûrir dans ce processus.
La prière est la respiration de l’âme. Un jour, un jeune athée demanda à un viel homme:  Que fais-tu là? Je prie. Alors il se moqua de lui et lui demanda ce qu’il en retirait. Là-dessus le vieillard l’attrapa au cou et l'égorgea. Celui-ci se mit à crier: Mon Dieu, au secours. Le vieux répartit:  Vois-tu, bien des gens ont besoin de ce genre de pression sinon ils n’en viendraient jamais à prier. A cela j’aimerais ajouter que la prière est aussi indispensable que l’air à la respiration. Il est décisif que nous nous rapprochions de Dieu et le gardions au coeur. Pour parler simplement, la prière n’est rien d’autre que l’expérience de la présence de Dieu – toujours et partout.

Si la prière est une démarche du coeur vers Dieu, alors il s’ensuit qu’elle est aussi une démarche vers l’homme. Nous ne pouvons par exemple pas aimer Dieu sans aimer les hommes et inversement. Nous n’avons pas deux coeurs, l’un pour Dieu et l’autre pour nos semblables.
La prière est une relation Dieu-homme qui se situe à un niveau hautement existentiel. On peut alors se poser la question: où en suis-je avec Dieu? On ne peut en juger que par notre comportement vis-à-vis de nos semblables. La qualité de nos relations aux autres décide de la qualité de notre relation à Dieu.
„Où en suis-je avec Dieu?“ trouve sa réponse dans „où en suis-je avec mes semblables?“
La prière et les relations humaines vont main dans la main. Car le noyau de la spiritualité chrétienne consiste en l‘amour de Dieu et l‘amour du prochain.
L’homme qui prie est aussi un homme qui aime. Comme l’exprime si exactement Franz Jalics, les relations humaines sont le thermomètre de notre relation à Dieu. La sensibilité aux relations humaines et la prière se développent parallèlement.
Il nous est bénéfique dans la prière de ne pas nous situer par rapport à un idéal lointain et inaccessible, mais de partir de la réalité. Nous avons tendance à idéaliser notre relation à Dieu en fonction de nos désirs.Cependant si nous partons de la réalité nue de notre vie pour évaluer notre relation à Dieu, notre point de vue devient réaliste, sans que se perdent en nous l’amour et l’espérance chrétienne du salut. Oui – la prière est finalement une expérience d’unité – unité dans l’amour de Dieu et de la création entière.

On ne prie jamais seul. On prie avec Jésus et Jésus prie avec nous. La première communauté chrétienne priait ensemble. Elle était convaincue de cette parole de Jésus: „Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux“. Ainsi pour les chrétiens la prière est centrée sur le Christ. Jusqu’aujourd’hui nous célébrons l’Eucharistie en communauté. Saint Paul dit là-dessus: „Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: Abba! Père! (Gal 4,6).